Je me suis souvent imaginé
composer de la musique. Mais comment devient-on compositeur? J'ai connu
la compositeure Alejandra Odgers à l'Ensemble Vocal Polymnie de
Longueuil et nous avons collaborés par la suite lors d'un contrat
d'éveil musical pour la ville de Longueuil. Alejandra a gagné un prix en
art de la scène, au Galade la culture de
Longueuil pour sa pièce intitulée "Moemi", qu'elle a composé lors de son
doctorat. Je l'ai rencontré chez elle.
Comment en es-tu venu à composer?
À
l'âge de 8 ans au Mexique, j'ai commencé des cours d'éveil musical. On
utilisait une méthode mexicaine inspirée de Kodaly qui utilise de
nombreux d'instruments de percussion. Un peu plus tard, ma grand-mère a
déménagé proche de chez nous et elle avait un piano. J'ai donc commencé
les cours de piano. Je suis entré par la suite dans une école de musique
plus professionnelle Mais la compagnie d'autres musiciens me manquait.
J'ai donc décidé d'étudier aussi un instrument d'orchestre, j'ai choisi
le hautbois. Au cours de mes études j'ai rencontré un
professeur-compositeur, du Mexique qui s'appelle Mario Lavista. Ce sont
ses cours d'analyse qui m'ont donné donné le goût de composer.
Qu'est-ce qui t'a amené au Québec?
En
2002, j'avais un copain qui avait décidé de venir faire des études en
musique ici à Montréal, je voulais l'accompagner et étudier ici moi
aussi. On a fait la demande, entretemps notre relation s'est terminée,
mais j'étais déjà accepté à l'Université de Montréal. J'ai décidé de
venir et j'ai fait ma maîtrise en composition. Au cours de mes études
j'ai suivi un cours d'orchestration avec Alain Belkin, ce fut comme si
j'avais trouvé la 3e dimension dans la musique et une nouvelle
perspective au niveau de mes oreilles. Je suis resté faire le doctorat
avec lui en composant des pièces pour orchestre. Pendant ce temps j'ai
rencontré mon conjoint. Et donc me voilà ici.
En quoi la culture québécoise a-t-elle influencée ton style de composition?
J'adore
manger, bien manger. À chaque printemps je vais dans une cabane à
sucre, et une année j'ai découvert la maison de la culture amérindienne
où ils préparent un repas du temps des sucres. Pas le repas traditionnel
québécois auquel on est habitué, mais un qui se base sur des aliments
qui étaient mangés ici par les gens des premières nations. Ce qui
m'attirait le plus là bas, c'est qu'il y avait un spectacle avec une
femme abénaquise et des chants traditionnels. J'y suis allée, on y
racontait des légendes, des traditions ainsi que des contes. La dame
chantait et nous a fait danser. À cette époque, j'avais prévu composer
ma pièce de doctorat basée sur des chants traditionnels de mon pays
d'origine, le Mexique, mais je me suis dit non, j'ai quelqu'un ici à
côté et je vais faire une des pièces de mon doctorat sur des pièces
abénaquises. J'ai interviewé la dame et j'ai enregistré plusieurs de ses
chansons, dont je me suis inspiré pour composer une pièce qui a été
créée par l'Orchestre de l'Université de Montréal. J'ai ensuite adapté une berceuse en une version pour harpe et voix, enregistrée dans le cd "Après le jour". (C'est le 2e cd dans le liens suivant)
http://claudineledoux.com/boutique-discographie/
J'en ai fais aussi un arrangement pour choeur qui a été créé par l'Ensemble Vocal Polymnie de Longueuil qui l'a interprété lors d'une tournée en France ainsi que dans les journées d'ouverture de la maison symphonique. La pièce s'intitule "Naahua".
http://claudineledoux.com/boutique-discographie/
J'en ai fais aussi un arrangement pour choeur qui a été créé par l'Ensemble Vocal Polymnie de Longueuil qui l'a interprété lors d'une tournée en France ainsi que dans les journées d'ouverture de la maison symphonique. La pièce s'intitule "Naahua".
Que signifie "Naahua"?
Selon
la langue abénaquise, cela signifie "vient, vient petit enfant". À
l'origine c'était un chant de naissance. Madame Nicole Obomsawin me
racontait qu'à l'époque il y avait beaucoup de décès de nouveau-nés,
c'était un chant pour dire au bébé: "vient, reste avec nous", c'était un
chant d'accouchement. Maintenant c'est avec ce chant que les enfants
abénaquis s'endorment.
Parles-moi un peu de ta composition "Moemi".
J'ai décidé de composer des pièces pour des
instruments pour lesquels on compose rarement. J'avais décidé au point de départ de créer un concerto pour la
clarinette basse, un concerto pour le marimba et un dernier pour la voix.
Pourquoi le marimba?
Pour moi c'était un instrument très important. D'une part parce que c'est un instrument traditionnel du Mexique. D'autre part, quand j'ai commencé à apprendre la musique, le marimba était mon instrument préféré. J'ai eu la chance de rencontrer Catherine Meunier, une percussionniste dont la spécialité est le marimba. J'ai pu travailler avec elle pour ma composition. Je composais un morceau je l'essayais avec elle, elle me faisait des suggestions. Elle m'a montré les possibilités sonores du marimba, différentes sortes de baguettes, différentes façons de jouer et c'est avec ça que j'ai écrit cette pièce.
https://www.youtube.com/watch?v=mMI8a_s1AiI
Pourquoi le marimba?
Pour moi c'était un instrument très important. D'une part parce que c'est un instrument traditionnel du Mexique. D'autre part, quand j'ai commencé à apprendre la musique, le marimba était mon instrument préféré. J'ai eu la chance de rencontrer Catherine Meunier, une percussionniste dont la spécialité est le marimba. J'ai pu travailler avec elle pour ma composition. Je composais un morceau je l'essayais avec elle, elle me faisait des suggestions. Elle m'a montré les possibilités sonores du marimba, différentes sortes de baguettes, différentes façons de jouer et c'est avec ça que j'ai écrit cette pièce.
https://www.youtube.com/watch?v=mMI8a_s1AiI
D'où vient le nom Moemi?
Durant
le processus de composition, je cherchais des rythmes intéressants.
Dans le 2e mouvement, la première partie utilise des rythmes mexicains, qui alternent des mesures de 6/8 et de
3/4. J'ai un bon ami qui avait voyagé beaucoup, il a joué toutes
sortes de
genres de musique. Je lui ai demandé de m'envoyer des
rythmes qu'il aimait d'un peu partout dans le monde. J'en ai choisi 3,
que j'ai utilisé pour la 2e
partie du 2e mouvement. Pour remercier cet ami de l'apport qu'il avait
fait à cette pièce, je l'ai nommé au nom de sa fille.
Quel conseil donnerais-tu à un étudiant en composition?
Je dirais deux choses. La première est de bien connaître les pièces qui se font partout dans le monde pour ne pas réinventer quelque chose qui s'est déjà fait, de chercher à écouter beaucoup de musique, d'explorer différentes techniques de composition. Ça c'est le côté formation. Une fois qu'on a cette formation, c'est très important de se connaître et de rester soi-même, d''être fidèle à ce qu'on est. Ce qu'on peut apporter comme artiste c'est notre vécu, notre expérience, notre voix. Si l'on tente de composer comme quelqu'un d'autre, pour faire plaisir à un professeur par exemple on ne sera jamais aussi bon que cette personne. Il faut être fidèle à ce qu'on est, à ce qu'on aime. Suivre ce qui nous parle et composer avec ça, c'est ainsi qu'on arrive à apporter quelque chose de nouveau, de sincère et peut-être d'important.
Je dirais deux choses. La première est de bien connaître les pièces qui se font partout dans le monde pour ne pas réinventer quelque chose qui s'est déjà fait, de chercher à écouter beaucoup de musique, d'explorer différentes techniques de composition. Ça c'est le côté formation. Une fois qu'on a cette formation, c'est très important de se connaître et de rester soi-même, d''être fidèle à ce qu'on est. Ce qu'on peut apporter comme artiste c'est notre vécu, notre expérience, notre voix. Si l'on tente de composer comme quelqu'un d'autre, pour faire plaisir à un professeur par exemple on ne sera jamais aussi bon que cette personne. Il faut être fidèle à ce qu'on est, à ce qu'on aime. Suivre ce qui nous parle et composer avec ça, c'est ainsi qu'on arrive à apporter quelque chose de nouveau, de sincère et peut-être d'important.
Dans l'onglet Gallerie, vous pourrez entendre d'autres pièces D'Alejandra Odgers.
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