samedi 21 juin 2014

Grégoire Jeay, flûtiste


J'ai eu la chance d'hériter d'un instrument ancien. Il s'agit d'un fifre, sorte de petite flûte en ébène qui date de la fin du XIXe sciècle. Il a été donné à mon grand-père comme paiement de loyer dans les années 50. Bien que je jouais déjà de la flûte traversière, j'ai toujours trouvé cet instrument particulièrement difficile à jouer. 

J'ai donc fait appel à un spécialiste des flûtes baroques et anciennes à Montréal: Grégoire Jeay que je connaissais comme faisant parti d'un ensemble que j'aime beaucoup: "La Mandragore". Il m'a montré comment jouer sur mon fifre et m'a même écrit des pièces simples pour que je puisse pratiquer. J'ai été très curieuse de savoir comment on devient joueur professionnel de flûtes anciennes. Nous nous sommes donc donnés rendez-vous chez Juliette et Chocolat, sur la rue Saint-Denis pour discuter de son cheminement.

Comment as-tu commencé à faire de la musique?

J'ai commencé la flûte à bec en France autour de l’âge de 7 ans. Mes parents ont ensuite enseigné dans un camp musical au Québec puis s’y sont installés. J'aimais beaucoup la musique. J'ai commencé la flûte traversière, à l'école secondaire St-Luc, là j'ai eu ma première flûte et il y avait un band, une harmonie, où l’on jouait des pièces populaires et jazz. Je suis ensuite allé étudier la flûte traversière à l’Université de Montréal.

Comment en es-tu venu à te spécialiser dans les flûtes baroques?

Ça c’est un drôle de hasard, quand j’ai commencé l’université, en flûte moderne, lors d'un séjour en France, j'ai vu dans la vitrine d'une librairie une flûte classique (en bois) de 1850. Je suis entré dans la librairie pour en demander le prix. C’était environ l’équivalent de 100$ canadiens. Je l’ai acheté, mais elle était craquée, donc elle ne sonnait pas du tout, je l’ai essayé, devant la libraire et ça ne sonnait pas, elle m’a fait la réflexion que j’avais "les lèvres trop épaisses pour pouvoir jouer de la flûte."(!!!) J’ai dit "oui, probablement". Je l’ai fait réparer et je l’ai toujours, je m’en sers comme flûte classique, elle marche très bien.  J’ai changé la tête, mais c’est un bon instrument. J’ai participé à mes premiers ateliers de flûte baroque avec cet instrument. 

Une fois l’université terminée, est-ce que ça a été facile de trouver des contrats? 

Non, au contraire, je suis de la génération X, c'est-à-dire qu’on est tombé dans les craques du plancher. Dans les années 70, y’a eu beaucoup de postes d’ouverts. Donc les professeurs sont rentrés là, ils étaient jeunes dans les années 80, ils étaient bien en poste, et de 80-90, c’était immuable, ça ne bougeait pas. Toute la génération à laquelle j’ai appartenu n’avait pas de poste ni au cégep, ni à l’université. J’ai donc travaillé comme peintre en bâtiment pendant 15 ans. Mais depuis 10 ans, je ne fais pas d'autre chose que de la musique. 

Est ce que tu fais aussi de la composition? 

Je me suis mis à composer vers la fin des années 90. J’avais un premier ordinateur Atari et un synthétiseur. Je n’ai jamais eu de professeur de composition. D’ailleurs à l’université, ils enseignaient surtout le dodécaphonisme, les 12 sons, ça me plaisait plus ou moins.
Mais j’aimais bien les compositions électroniques, la musique concrète ça pouvait donner des choses intéressantes. Mais sinon, je n’ai pas eu de professeur, si ce n’est que les disques. 
Parfois je suis allongé dans le lit puis j’ai une mélodie qui me vient, ou je suis sur le synthétiseur et le son génère une idée, d'autres fois, je suis au piano, je commence à improviser et une idée vient, ce n'est jamais pareil.
Quand j'ai des commandes, par exemple lorsque j'ai eu une pièce à faire en style médiéval pour une série télévisée, j’ai écouté beaucoup de musique médiévale et les idées me sont venues. J’ai  une capacité de pastiche, c’est à dire que je m’imprègne très vite du langage d’un style. J’écoute ce style et à un moment donné il me vient plein d’idées par rapport à ce langage, quel qu’il soit. 


Y-a-t-il un style de musique que tu affectionnes tout particulièrement? 

Ça dépend du moment, un style va en amener un autre. Je ne pourrais pas faire que de la musique baroque, que de la musique du monde, que de la musique électronique comme je ne pourrais pas faire que de la composition, j’aime jouer. 

Est-ce que tu peux nous parler des ensembles dont tu fais parti?

Chaque année ça change, dépendamment des projets, Cette année je fais parti de l'ensemble Tafelmusik à Toronto, il y a La Mandragore, La Nef, ça dépend des années. Je fais parti des Boréades, j’ai joué avec Les Idées Heureuses, des groupes de musique anciennes: Montréal Baroque, Clavecin en Concert, l'Ensemble Caprice, Constantinople, Theatre of Early Music et plusieurs autres. Je suis multitâche comme beaucoup de musiciens, j’accorde des pianos aussi. J’enseigne. J’aime ça.

Quel conseil donnerais tu à un musicien en devenir pour sa carrière?

D’avoir du plaisir. D’aller vers ce en quoi il a envie d’aller. C’est un métier qui n’est pas évident au niveau de la stabilité financière. Il y a beaucoup de musiciens, et tant qu’à faire, autant faire vraiment ce qui nous plait et de le faire à fond!




Grégoire Jeay sera en spectacle au: RENDEZ-VOUS BAROQUE FRANÇAIS qui vous invite à leur prochain concert:

Vendredi 27 et samedi 28 juin 2014, 19h30
Œuvres de Rameau et Clérambault

Andréanne Paquin, soprano
Laurent Deleuil, baryton
Dominic Guilbault, violon
Grégoire Jeay, traverso
Rafael Sánchez Guevara, viole
Christophe Gauthier, clavecin
Octavie Dostaler-Lalonde, violoncelle

ENTRÉE LIBRE - contribution volontaire - Les places étant limitées, assurez les vôtres en réservant à l'adresse suivante: rdvbaroquefrancais@yahoo.ca

Rendez-vous à la CHAPELLE de l'église St-Stanislas-de-Kostka, Nouvelle entrée: 4816 rue Garnier H2J 3S8, coin St-Joseph

Vendredi 27 et samedi 28 juin 2014, 19h30
Œuvres de Rameau et Clérambault 


Vous pouvez également visiter le site web de Grégoire Jeay et écouter ses disques au:
http://www.gregoirejeay.com/solo-traverso.html

Aucun commentaire:

Publier un commentaire